Deux jeunes explorateurs, nés à Rouen, Thomas Pesquet et Matthieu Tordeur, contribuent à la notoriété de l’ Europe, de la région normande … Ils sensibilisent en effet un large public européen et au delà, à l’intérêt des explorations. Ainsi, nous progressons dans la connaissance de notre planète, dont l’état est préoccupant.
Version remaniée par l’auteur d’un article publié le 12/06/2023
C’est le plus connu. Né à Rouen en 1978, il intègre une classe préparatoire scientifique au lycée Corneille en 1998. Puis il entre à l’École Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace à Toulouse. Il en sort diplômé dans le domaine de la conception et le contrôle des satellites. Enfin, il valide son master Aéronautique et Espace à l’Université de Montréal.
En 2002, il entre au Centre National d’Études Spatiales, l’agence française de l’Espace créée en 1963 et coeur de l’Agence Spatiale Européenne. Dans la foulée, il obtient sa licence de pilote de ligne en 2016, à Air France. C’est alors un pilote très qualifié pour les expériences menées sur des Airbus.
Il poursuit son rêve d’enfant et postule ensuite un poste d’astronaute à l’ESA. Il l’obtient et suit une formation au Centre des astronautes européens en Allemagne. Ensuite, il travaille en 2010 comme responsable des communications avec les astronautes en vol. En novembre 2016, il réalise enfin son rêve et rejoint l’équipe d’astronautes de l’ISS, depuis la base de Baïkonour, au Kazakhstan. Il y séjourne pendant 196 jours jusqu’en juin 2017.
Il poursuit sa carrière de spationaute et monte à bord de l’équipe Dragon de SpaceX, en juillet 2020; il est accompagné de plusieurs astronautes de la NASA et de la Jaxa (Japan Aerospace Exploration Agency). En avril 2021, il rejoint pour la deuxième fois la Station Spatiale Internationale, pour une durée de 6 mois, depuis Cap Canaveral aux États-Unis, dans le cadre de la Mission Alpha.
Il pratique couramment l’anglais et le russe et parle trois autres langues, l’espagnol, l’allemand et le chinois ! Très sportif, il pratique le judo, la plongée, le basket et le squash. C’est aussi un excellent communicant et vulgarisateur scientifique, très actif, très présent sur les réseaux sociaux. Il est parrain de la candidature de Rouen au titre de Capitale européenne de la Culture en 2028.
Matthieu Tordeur, né le 4 décembre 1991 à Rouen, a été longtemps le plus jeune membre de la Société des explorateurs français. De fait, d’abord élève au lycée Jean Baptiste de la Salle à Rouen, il suit ensuite une formation assez généraliste au King’s Collège de Londres et à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, ce qui lui donne une bonne expérience européenne.
Depuis 2013, mû par un incroyable esprit d’aventure, il a multiplié les exploits! Il a enchaîné en effet un tour du monde en Renault 4L pour la promotion de la microfinance… En 2016 il descend la Seine normande en kayak, de Vernon à Honfleur. Et en 2018, il parcourt le Sahara du Caire à Khartoum en vélo électrique…
C’est surtout dans ses expéditions polaires qu’il a poussé l’esprit d’exploration et d’aventure le plus loin : à son actif, une expédition au Groenland et au Tadjikistan sur le glacier Fedchenko… En 2019, à seulement 27 ans, il est le 1ᵉʳ français à rejoindre le pôle Sud à ski, en solitaire et sans assistance, en 50 jours ! On peut dire qu’il marche dans les pas des grands explorateurs normands du monde polaire que sont Dumont d’Urville, Charcot et aussi comme Jean-Louis Étienne, le dernier grand arpenteur français des pôles, célèbre par ses expéditions polaires d’ Antartica, de Polar Explorer.
Nos deux héros rouennais partagent un certain nombre de points communs : leurs explorations demandent un énorme travail de préparation technique, scientifique et un esprit d’équipe. Les expéditions d’aujourd’hui, dans l’espace comme aux pôles, sont des aventures à part entière qui ne laissent aucune place à l’improvisation ! Il faut prévoir les aléas. Pour Thomas Pesquet, même si l’exploration spatiale est en apparence rodée, chaque vol est minutieusement préparé, de même que les expériences menées à bord. Les risques sont considérables, souvent ignorés du grand public : fuites de carburant, défaillances techniques …
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L’ISS, par exemple, est un engin volant à 28 000 km/h, à la distance de 400km de la terre, qui sera démantelé en 2030. Ses modules sont fragiles, et la moindre défaillance peut coûter cher ! Les Russes repositionnent régulièrement la station en orbite, les Américains l’équipent aussi en moyens informatiques, les Européens font de nombreuses expériences scientifiques. Pour l’instant, malgré la situation en Ukraine, la coopération internationale est maintenue entre Russie, Europe, Etats-Unis, Japon. Chaque Etat a besoin de l’expertise de l’autre et l’ISS est pour l’instant à l’abri de ce qui se passe sur terre…
De ses expéditions dans l’espace, Thomas Pesquet, nommé ambassadeur de L’Unicef pour l’eau en 2016, a rapporté des centaines d’images de la terre, diffusées sur les réseaux et dans ses blogs. Il a aussi associé des écoliers à des expériences scientifiques menées à bord de l’ISS. « J’ai vu depuis la station spatiale la beauté de la Terre mais aussi sa fragilité. J’ai observé les effets des catastrophes naturelles et des problèmes majeurs que rencontre notre société », dit-il à la revue américaine National Geographic, 9 novembre 2017
Pour Matthieu Tordeur, travaillant en « solitaire », il faut chercher des sponsors, rassembler le matériel, ce qui représente 90% de son temps. Il a l’habitude de dire que ses expéditions, c’est 10% de son temps. Et c’est aussi du travail d’équipe.
Tous les deux ont le souci de communiquer leur enthousiasme et leurs expériences à un vaste public. Ce sont des communicants, qui donnent des conférences, utilisent intensément les réseaux sociaux, avec le souci de toucher un très large public.
Leurs communications prouvent qu’ils sont très sensibles à l’état de notre planète, vue de loin, depuis l’ISS, pour Thomas Pesquet et vue au plus près des glaces de l’Antarctique pour Matthieu Tordeur.
En effet, en décembre 2018, durant sa marche vers le pôle Sud, Matthieu Tordeur a pu mesurer le réchauffement climatique en constatant des anomalies de température : au lieu de -25°C, il a rencontré durant 3 semaines des températures de -2 à -10°C, qui ont ralenti sa progression, freinée par la neige poudreuse molle dans laquelle s’enfonçait son traineau. Un été austral aux températures totalement anormales, hélas!
Ses projets futurs sont directement orientés vers de nouvelles expéditions polaires, afin de produire du contenu scientifique à destination du grand public et des scolaires. Il est question d’un tour de l’Antarctique à la voile, pour enregistrer les sons de la faune, de produire des photos et des textes à la fois scientifiques et géopolitiques. A suivre…
Sur Matthieu Tordeur :
Etudes normandes, n°25, mars-mai 2023, 5 questions à Matthieu Tordeur, un explorateur normand d’aujourd’hui en Antarctique, propos recueillis par Gérard Granier en décembre 2022.
Le site personnel de Matthieu Tordeur: https://matthieutordeur.com/
Son expédition au pôle Sud: https://objectifpolesud.com/
Sur Thomas Pesquet : de très nombreux sites :
Images: https://www.youtube.com/watch?v=U_k0M9VV4Ko
Son site Instagram: https://www.instagram.com/accounts/login/?next=https%3A%2F%2Fwww.instagram.com%2Fthom_astro%2F%3Fhl%3Dfr&is_from_rle
Expériences scientifiques à destination des publics scolaires: https://cnes.fr/projets/mission-alpha
La Mission Alpha de 2021: https://cnes.fr/projets/mission-alpha
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