LA CHAPELLE SAINT-JULIEN

La chapelle Saint-Julien, édifiée par le roi d’Angleterre et duc de Normandie Henri II, vers 1160, est un des rares vestiges, à Rouen, de l’art roman qui prospère en Europe au 12ème siècle. En effet, la moitié ouest de la France est entre les mains de la dynastie anglo-normande des Plantagenêt, qui disputera bientôt aux rois de France la souveraineté sur leur royaume. Donc un beau morceau d’histoire européenne.

Version remaniée par l’auteur d’un article publié le 10/11/2021

HENRI II PLANTAGENÊT FONDE LE MANOIR DU PETIT-QUEVILLY

Un territoire franco-anglais

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Façade de la chapelle

Vers 1160, Henri II roi d’Angleterre et duc de Normandie, époux d’Aliénor d’Aquitaine, fait construire cette chapelle privée de style roman, près de son manoir de chasse alors situé dans la forêt du Rouvray.

En effet, la famille des Plantagenêt domine en effet un vaste territoire qui va de la Normandie à l’Aquitaine, soit tout l’ouest de la France, et y séjourne fréquemment. Donc à ce titre et sur le sol français, les Plantagenêt sont les vassaux du roi de France, mais cette vassalité est assez théorique …

La chapelle, aux dimensions assez modestes, est de style roman anglo-normand, avec des fresques sur les voûtes du transept, de belle facture. 
 le plan est très simple car la nef  occupe tout l’espace interne en pierre de Caumont. Les arcs en plein cintre  sont ornés de sculptures géométriques. De plus, les chapiteaux ornés de motifs végétaux en font un des plus riches ensembles architecturaux de la rive gauche de Rouen.

Une chapelle placée sous la protection de Saint-Julien-l'hospitalier

De fait, Henri II décide en 1183 d’offrir son manoir et la chapelle attenante à une communauté religieuse. cette dernière se donne pour vocation l’accueil de jeunes femmes atteintes de la lèpre. À cette occasion, Il la place sous la protection de Saint Julien l’hospitalier, martyr chrétien mort en 304. Aussi accueille-t-elle les malades de la peste. Ensuite, en 1600, elle passe aux mains des bénédictins puis des moines chartreux, jusqu’à la Révolution française. On la vend alors comme bien national en 1793. Par chance, elle échappe à la destruction et héberge une colonie de jeunes détenus au milieu du 19e siècle.

La légende de Saint Julien l’Hospitalier (patron des des charpentiers, des passeurs et des hôteliers) a fait l’objet d’une large diffusion dans l’occident médiéval. Elle a aussi inspiré Gustave Flaubert (Les trois contes).

une chapelle romane
Une chapelle romane

Le sauvetage de la chapelle saint-Julien

la vierge en majesté
Fresque de la vierge en majesté

Une vierge en majesté orne la voûte gothique du transept, très expressive, de style roman et assez réaliste.

En 1895, devenue propriété de la commune du Petit-Quevilly, la chapelle est classée Monument historique; son état de vétusté justifie la restauration entreprise par l’architecte Louis Sauvageot, qui a conçu le Musée des Beaux-Arts de Rouen. En effet, Sauvageot, élève de Viollet-le-Duc, entreprend une reconstruction très complète. Il renforce les contreforts extérieurs, ouvre des baies dans la façade pour gagner en lumière … Le bâtiment est voué au culte catholique jusqu’en 1960. Une deuxième restauration est entreprise. Et, en 1983-84, la fresque de 56 m2 est entièrement déposée et restaurée.

Un beau sauvetage de ce joyau du patrimoine européen caractéristique de ce moment européen, français et anglo-normand.  De plus, dans l’agglomération de Rouen, prise de passion pour le gothique, il est un des rares vestiges de l’art roman.

Pour y aller :

Sources

https://www.petit-quevilly.fr/decouvrir-la-ville/patrimoine-et-histoire/histoire/la-chapelle-saint-julien

Flaubert/ la légende de Saint Julien l’hospitalier, trois Contes, éditions Gallimard, 1966.

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